September 3, 2019

La politique d’expansion de Singapour a rendu la valeur du sable inestimable, quitte à se le procurer à n’importe quel prix.

Le gouvernement malaisien a récemment interdit toute exportation de sable marin vers Singapour. La Malaisie étant sa principale source d’approvisionnement, la suspension des échanges entre ces deux pays a quelque peu freiné l’expansion territoriale de Singapour sur l’océan.

Singapour a gagné son indépendance en 1965, et connaît un développement économique fulgurant. La cité-Etat a l’une des plus fortes densités de population au monde, et subit une croissance démographique, alimentée principalement par l’immigration. Pour répondre à l’afflux constant de personnes attirées par les opportunités économiques qu’offre l’île, Singapour a pensé à la meilleure façon d’étendre son territoire par l’importation massive de sable. En quelques années, Singapour a gagné des kilomètres sur la mer et est devenue le premier importateur mondial de sable. L’île a ainsi augmenté sa superficie territoriale d’un quart depuis sa création en 1965. Au cours de ces vingt dernières années, Singapour a importé plus de 517 millions de tonnes de sable provenant principalement du Cambodge, d’Indonésie, du Vietnam et de Malaisie, rapporte la United Nations Environment Programme.

L’exploitation du sable marin a des conséquences écologiques catastrophiques

L’importation de sable s’est durcie ces dernières années, et Singapour éprouve de plus en plus de difficultés à s’en procurer. Dans le passé, en raison du manque d’informations sur les conséquences du dragage intensif de sable le long des côtes, et du flou en terme des régulations internationales sur le sujet, Singapour a pu importer massivement du sable de ses pays voisins. Mais les conséquences de ces dragages répétés n’ont pas tardés à se faire ressentir dans les pays concernés. Plus de 24 îles indonésiennes ont disparu sous l’eau, alors que les paysages littoraux de l’Indonésie, du Cambodge et de la Malaisie ont été gravement modifiés. Ces pays reposant en grande partie sur le secteur touristique, la disparition et la modification de leurs plages ont eu un impact direct sur leur économie. En réaction à toutes ces conséquences, ces pays ont été contraints de mettre un terme au commerce de sable avec Singapour. En 2002, l’Indonésie a interdit l’exportation de sable vers Singapour, alors que le Cambodge et le Vietnam ont adopté les mêmes mesures en 2002. Plus récemment, le 3 octobre 2018, la Malaisie a suivi le pas.

L’accessibilité de plus en plus difficile au sable a obligé Singapour à se tourner vers d’autres canaux de distribution

Devenue indispensable pour mener à bien la politique expansionniste de Singapour, le sable a connu une flambée des prix, passant de 3$ la tonne de sable en 1995, à 19$ la tonne en 2005, écrit le Asia Times. À mesure de la raréfaction de la ressource, de l’augmentation des prix, et des mesures interdisant les exportations entre Singapour et ses pays voisins, un marché parallèle illégal de contrebande s’est développé. L’île a ainsi continué à assouvir sa soif effrénée de sable en se fournissant sur ces marchés illégaux. En 2008, Singapour a déclaré avoir importé trois millions de tonnes de sable provenant de Malaisie, alors que, selon les chiffres du gouvernement malaisien, 133 millions de tonnes de sable auraient été exportées rapporte « The Guardian ». La brume qui entoure toute cette affaire laisse grandement supposer qu’une grande quantité de sable serait passée clandestinement de la Malaisie vers Singapour. Selon les propos d’un membre du gouvernement malaisien, les mesures interdisant le commerce du sable avec Singapour ont été mises en place pour démanteler les réseaux clandestins d’exportation, et mettre au grand jour les officiels malaisiens bénéficiant de ces trafics, indique l’agence de presse Reuters. Reste à savoir comment Singapour sera en mesure de réagir, quant on sait qu’en 2018, la cité-Etat a importé 59 millions de tonnes de sable de Malaisie, ce qui représente 97% de ses importations totales de sable.


February 19, 2017

François Fillon, victime d'une tradition politique

À 3 mois des élections présidentielles en France, François Fillon, candidat républicain, est au cœur d’un scandale qui pourrait bien le faire trébucher dans la course à l’Élysée. Le candidat de la droite est accusé d’emploi fictif, dont aurait bénéficié son épouse, Pénélope Fillon. Grâce à sa fonction d’attachée parlementaire, Pénélope Fillon aurait touché plus de 500 000 euros en huit ans, et plus de 5 000 euros par mois pour son travail de conseillère littéraire à la « revue des deux mondes » entre mai 2012 et décembre 2013. Le candidat à la présidentielle s’est défendu tant bien que mal, affirmant que l’emploi de sa femme était bien réel et justifié compte tenu de ses activités.

Cette nouvelle affaire d’emploi fictif nous rappelle que l’élite politique française a été touchée par le passé, par des affaires similaires. Ainsi, l’ancien président de la République française Jacques Chirac, a été condamné en 2011 dans le cadre de l’affaire de la Mairie de Paris. En 2004, Allain Jupé a également été sanctionné dans une affaire d’emploi fictif, alors que Nicolas Sarkozy est toujours entendu dans le cadre de plusieurs enquêtes pour malversation financière.

Longue tradition dans vie politique française, les malversations financières sont monnaie courante alors que les privilèges accordés à la classe dirigeante semblent naturels. C’est ainsi que François Fillon à son plus grand étonnement, a été choqué qu’on puisse remettre en question le travail de sa femme et les sommes astronomiques perçues par cette dernière. Pour rappel, tout député peut employer jusqu’à cinq personnes de son choix grâce à une enveloppe mensuelle de 9 561 euros mis à sa disposition. Selon une enquête de Médiapart, 52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés étaient employés en 2014.

Embaucher des membres de sa famille et les payer avec l’argent du contribuable est tout à fait légal en France, et rappelle l’époque de la monarchie absolue, où les monarques ne devaient rendre de compte à personne. Actuellement, il semble que la tendance se soit inversée et que les politiciens soient surpris de justifier leurs dépenses, presque nostalgiques de la vieille époque.


Using Format